Baisse de la consommation de drogues, d’alcool et de tabac chez la jeunesse européenne : une tendance en évolution

Une réduction notable de la consommation chez les jeunes européens
Selon l’enquête ESPAD, réalisée tous les quatre ans dans 37 pays européens en milieu scolaire, la prévalence de consommation de substances illicites, d’alcool et de tabac chez les adolescents montre une tendance à la baisse. Par exemple, en Islande, moins d’un adolescent sur cent fume quotidiennement, contre environ 20 % en Croatie. En France, en dix ans, la génération jeune a connu une transformation notable : elle est passée du rang de plus gros consommateur de cannabis en Europe à celui de groupe plus modéré, parfois qualifié d’« adolescence modèle ».
Variations régionales et disparités dans la consommation
Malgré cette tendance générale à la diminution, des différences significatives existent selon les pays. Chypre et l’Ukraine enregistrent des taux plus élevés d’expérimentation de drogues illicites, tandis que la France a vu sa consommation de cannabis reculer substantiellement. En Bulgarie et en Croatie, un jeune sur cinq fume quotidiennement des cigarettes, alors que ce chiffre chute à moins de 4 % dans certains pays nordiques et baltes. Ces écarts peuvent s’expliquer notamment par la disponibilité de certains produits sur le marché national, comme les cigarettes électroniques ou autres alternatives, qui peuvent influencer les choix des jeunes.
Impact des politiques publiques et de l’évolution des comportements
Selon Marina Delgrande Jordan, responsable de la recherche chez Addiction Suisse, cette baisse pourrait être liée aux politiques publiques et aux initiatives de prévention menées depuis les années 2000, visant à rendre l’accès à certains produits plus difficile et à promouvoir des comportements plus sains chez les adolescents. Cependant, elle souligne que cette tendance, observée dans toute l’Europe malgré la diversité des stratégies, pourrait également refléter des changements plus profonds dans les comportements et les modes de sociabilités des jeunes.
Une transformation des modes de sociabilité et des perceptions sociales
La sociologue Marie Jauffret-Roustide, membre du Conseil scientifique de l’Agence européenne des drogues, évoque une évolution des modes de sociabilités des jeunes. La pandémie de Covid-19 aurait considérablement réduit les opportunités de rencontres en face-à-face, renforçant l’usage des réseaux sociaux chez les filles et des jeux vidéo chez les garçons, ce qui favoriserait des sociabilités virtuelles. Elle précise qu’une moindre observation des gatherings ou rencontres groupées pourrait expliquer une diminution de la consommation de substances lors de ces moments.
Par ailleurs, la représentation sociale autour du tabac a évolué : la génération Z perçoit désormais cette substance comme un produit nocif, à l’opposé de l’image « branchée » qui lui était autrefois associée.
Facteurs de marché et disparités économiques
L’étude ESPAD met également en évidence des différences selon les pays, notamment dans l’usage du tabac. En Bulgarie ou en Croatie, un jeune sur cinq fume quotidiennement, contre moins de 4 % en France ou dans certains pays nordiques et baltes. La disponibilité d’alternatives comme la cigarette électronique pourrait influencer ces comportements. Marina Delgrande Jordan souligne que la législation et la commercialisation locale jouent un rôle essentiel dans ces disparités, tout en précisant que l’impact du contexte socio-familial reste peu étudié, même s’il constitue un facteur clé dans l’évolution des pratiques chez les jeunes.