Genève inaugure le premier réseau quantique suisse, dans une démarche de rattrapage du retard national
Genève inaugure le premier réseau quantique suisse, dans une démarche de rattrapage du retard national
L’inauguration a eu lieu mardi matin à l’occasion du Quantum Industry Day, au Centre international de conférences de Genève (CICG). Le réseau quantique local repose sur des fibres optiques enterrées dans le canton et destinées aux chercheurs spécialisés dans les technologies quantiques.
Un partenariat public-privé pour accéder à des fibres coûteuses
Pour mener leurs expériences, les équipes de l’Université de Genève (UNIGE) souhaitaient utiliser des fibres optiques. Or, la location de ces infrastructures est coûteuse, et il a fallu solliciter plusieurs partenaires pour créer le Geneva Quantum Network (GQN) via un partenariat public-privé. Cette collaboration réunit notamment l’Office cantonal des systèmes d’information et du numérique (OCSIN), le CERN, la Haute école du paysage, d’ingénierie et d’architecture de Genève (HEPIA), ainsi que les entreprises ID Quantique et Rolex, via Rolex Quantum.
Des expériences en conditions réelles et à grande échelle
Le réseau repose sur 262 kilomètres de fibres optiques fournies par l’OCSIN. Les premières étapes prévoient la distribution de photons intriqués entre les partenaires du GQN. L’infrastructure permettra aussi la diffusion de signaux temporels ultra-précis, indispensables pour les communications et les mesures de temps de référence. HEPIA installera un capteur de température distribué le long des fibres, dont la haute résolution spatiale est rendue possible par l’utilisation de photons uniques.
Photon intriqué et clés quantiques
Des clefs quantiques seront transmises via ces fibres par ID Quantique, fondée par le professeur Nicolas Gisin (UNIGE). Ce dernier est surtout connu pour avoir réussi, en été 1997, à sortir des photons intriqués du laboratoire, lors d’une expérience sur plus de dix kilomètres entre Bernex et Bellevue, dans le canton de Genève.
Une analyse critique du contexte suisse
Selon le chercheur, le Geneva Quantum Network est « relativement petit et un peu fait de bric et de broc ». Il rappelle aussi qu’il y a 27 pays dans l’Union européenne; avec le Royaume‑Uni et la Suisse, cela porte le compte à 29, et sur ce total, 28 disposent déjà d’un réseau quantique national. La Suisse demeure le seul pays européen sans réseau national, et l’année précédente, la Confédération a supprimé tout ce qui existait dans ce domaine. Il complète en ajoutant: « Ce que Genève met sur pied, c’est une réaction à la pingrerie et à la lenteur suisse ».
Perspectives et enjeux
Cette étape inaugurale vise à tester et à développer des technologies quantiques en dehors du laboratoire, dans des conditions réelles et à grande échelle. Les retombées potentielles concernent les télécommunications, la sécurité des données et la métrologie, notamment des mesures ultra-précises du temps.
