Enhanced Games : controverse autour d’une compétition transhumaniste et dopante

wpbot_image_md3xSg

Les Enhanced Games se présentent comme une compétition visant à battre des records grâce à des aides pharmacologiques ou technologiques, un projet qui déclenche une vive controverse dans l’écosystème sportif.

Contexte et polémique

Le 25 février 2025, Kristian Gkolomeev, nageur grec, a battu officieusement le record du monde du 50 mètres nage libre en 20”89, sans public ni arbitre. Il portait une combinaison interdite et a reconnu avoir utilisé des substances dopantes.

Le nageur a répliqué: « Rien de ce que je fais n’est illégal. J’ai des prescriptions pour tous les produits que je prends au cours de ce processus »

Ce record contesté est présenté comme une sorte d’avant-goût des Enhanced Games.

Contenu externe: ce contenu ne peut pas être affiché ici car il peut collecter des données personnelles; pour le voir, il faut autoriser la catégorie réseaux sociaux.

Des athlètes exclus mais motivés

La compétition prévoit des épreuves d’athlétisme, d’haltérophilie et de natation. Kristian Gkolomeev y affrontera notamment le Britannique Ben Proud, ancien champion du monde. Les récompenses financières s’échelonnent entre 250 000 et 1 000 000 de dollars pour un record battu.

Les risques sont élevés: les participants pourraient être exclus des compétitions officielles, et les instances sportives ont condamné l’événement.

L’Agence mondiale antidopage a qualifié l’initiative de dangereuse et irresponsable, affirmant que la beauté et la popularité du sport reposent sur l’idéal d’une compétition propre et équitable et que ces valeurs doivent être protégées.

Une vision transhumaniste du sport et ses partisans

Les promoteurs estiment que le dopage pourrait être encadré médicalement et qu’il s’inscrit dans une logique de dépassement des limites humaines.

Des investisseurs et voix influentes

Selon Lisa Delpy Neirotti, professeure de management du sport à l’université George Washington, les organisateurs des Enhanced Games se présentent comme des disruptifs cherchant une opportunité commerciale et envisageant le sport comme un terrain d’expérimentation axé sur la performance humaine grâce aux biotechnologies et aux produits pharmaceutiques.

Aron D’Souza, fondateur des Enhanced Games, défend une vision ambitieuse: « Nous avons ouvert le débat, pas seulement sur le sport, mais aussi sur la santé, la science et ce que signifie être humain ». Parmi les investisseurs figurent notamment l’un des fils de Donald Trump et des milliardaires de la Silicon Valley, comme Peter Thiel, connus pour leur intérêt pour le transhumanisme.

Le corps humain comme source de business

Pour Lisa Delpy Neirotti, les promoteurs poursuivent une logique disruptive: aider les individus à atteindre leurs capacités physiques maximales grâce aux biotechnologies et aux produits pharmaceutiques, et exploiter les données collectées sur les athlètes pour créer une valeur économique.

Lors d’un forum, Raphaël Faïss, chercheur à l’Institut des sciences du sport de l’université de Lausanne, rappelle que même si les participants seront bannis des compétitions officielles, ils pourraient attirer des intérêts financiers importants. « Le sport devient un produit et tout ce qui l’entoure – hormones à vendre, médicaments, startups liées à l’allongement de la vie – est impliqué dans cette réflexion, ce qui ouvre la porte à une exploitation commerciale de la performance », souligne-t-il.