Des jeunes Indiens recrutés en Russie envoyés au front en Ukraine : un drame lié au recrutement forcé et à la traite humaine

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Contexte et localisation

Dans le village de Madanheri, à environ 130 kilomètres de New Delhi, la population est en deuil après la disparition de deux jeunes en Ukraine, recrutés, selon les familles, de force dans l’armée russe au mois d’août.

Parcours et promesses trompeuses

Aman, 24 ans, et Sonu, ami d’enfance, avaient quitté l’Inde l’an dernier pour chercher du travail en Russie. Ils avaient trouvé un petit poste à Moscou, mais l’entreprise a fait faillite et Aman a dû chercher une autre activité. Le frère d’Aman, Aashish, explique que son visa arrivait à expiration et qu’il avait été approché par deux recruteurs russes qui lui auraient promis un emploi de vigile bien rémunéré, supérieur à 2 200 francs. Le contrat était rédigé en russe et Aman n’en comprenait pas le contenu; il aurait tenté de le scanner pour le traduire, mais des militaires russes auraient saisi son téléphone et lui auraient interdit de prendre des photos. L’offre semblait être faite de manière coercitive, selon la famille.

Réseau et démantèlement

La famille affirme que deux ressortissants indiens basés en Russie seraient impliqués et que de nombreux agents recruteurs opèrent sur place. Ils disent que plusieurs victimes avaient été séduites par des postes de gardien bien payés, mais qu’elles ont été envoyées directement au front en Ukraine. En parallèle, le Bureau indien anticriminalité avait annoncé l’an dernier le démantèlement d’un réseau de traite d’êtres humains reliant l’Inde et la Russie et promettant des salaires élevés pour des postes subalternes dans l’armée russe.

Rôle et mécanismes dans le conflit

Selon des experts, des jeunes sans formation militaire ont été déployés comme soldats de première ligne, servant de chair à canon et servant aussi à repérer les positions ennemies ou à tenir des positions défensives lorsque l’offensive n’est pas en cours. Le chercheur Yohann Michel de l’Institut d’études de stratégie et de défense à Lyon indique que leur présence peut permettre d’ouvrir des fronts tout en subissant des tirs.

Disparition et appel au rapatriement

Le 25 août, Aman a envoyé une vidéo depuis une tranchée en Ukraine, indiquant son épuisement et son besoin urgent d’être rapatrié par les autorités indiennes. Sa famille n’a pas reçu de réponse à cet appel. Sonu n’est jamais revenu. Le 19 septembre, un officier russe a contacté la famille via Telegram pour annoncer la disparition de Sonu et le transfert de son corps.

Enjeux et perspectives

Cette affaire s’inscrit dans un contexte plus large de trafic d’êtres humains et de promesses d’emplois dans le secteur privé ou militaire, avec des implications pour la sécurité des ressortissants indiens à l’étranger et les mécanismes de protection en place.