Ark Nova à Lucerne : une œuvre d’art immersive conçue par Anish Kapoor et Arata Isozaki

wpbot_image_hOPr9N

Un bâtiment emblématique mêlant design, art et acoustique à Lucerne

Située au bord du lac des Quatre-Cantons, la structure baptisée Ark Nova attire l’attention par son architecture inhabituelle. Installée face au Centre de Congrès et de Culture KKL, conçue par l’architecte de renom Jean Nouvel, cette installation constitue une œuvre à la fois artistique et fonctionnelle. Constituée d’une surface gonflable reposant sur une plate-forme de gravier et de plaques d’acier élégantes, la salle a été pensée pour préserver l’harmonie environnementale du site voisin du Musée des Transports.

Une œuvre d’art signée Anish Kapoor et Arata Isozaki

Le concepteur de cette structure singulière n’est autre que l’artiste britannique Anish Kapoor, célèbre pour ses sculptures monumentales souvent provocatrices. La création arbore une forme évoquant une aubergine géante, outre sa couleur vive et ses courbes prononcées. Un orifice la traverse, lui conférant une séduisante connotation sensuelle, un aspect qui pourrait refléter la nature provocante et délibérément polissonne de l’artiste, connu pour avoir suscité des réactions mitigées dans le passé.

Une expérience architecturale et acoustique unique

Passée la façade en bâche en plastique translucide, les visiteurs découvrent une salle de concert pouvant accueillir jusqu’à 300 spectateurs. La conception intérieure propose une ambiance harmonieuse et apaisante, notamment grâce à une structure centrale en forme de lys géant qui traverse la nef. Cette pièce florale, en plus d’ajouter une touche esthétique, sert de support à la structure tout en améliorant l’acoustique, réduisant notamment les effets de réverbération. La structure est stabilisée par un bras gonflable, qui, associé à la chaleur ambiante sous le dôme, assure la stabilité et la température intérieure.

Une lumière douce rose et violette baigne l’intérieur, créant une atmosphère chaleureuse et intime. La salle est alimentée par une soufflerie silencieuse, qui maintient la stabilité de la structure et garantit un confort acoustique optimal.

Une scène culturelle temporaire au cœur du Festival de Lucerne

Jusqu’au 14 septembre, Ark Nova est utilisée comme espace secondaire lors du prestigieux Festival de Lucerne, accueillant des performances variées allant du classique au jazz, en passant par des musiques traditionnelles japonaises ou sud-américaines, ainsi que de la chanson. Loin de se limiter à la musique classique, cette structure accueille également des événements tels que la remise du Grand Prix suisse de la musique à la pianiste vaudoise Sylvie Courvoisier, le jeudi 11 septembre.

Une origine liée à une initiative humanitaire

L’histoire d’Ark Nova est empreinte de symbolisme et de résilience. Née suite à la catastrophe du tsunami de Fukushima en 2011, cette œuvre a été conçue comme une réponse d’aide au Japon. Après le séisme et le tsunami dévastateurs, Michael Haefliger, directeur du Festival de Lucerne, a sollicité ses contacts au Japon pour élaborer une solution permettant d’offrir un espace culturel mobile là où les infrastructures avaient été détruites. C’est ainsi qu’en 2013, Ark Nova fut créée, puis déployée dans plusieurs villes japonaises telles que Matsushima, Sendai, Fukushima et Tokyo.

La version présente à Lucerne en 2023 marque une étape symbolique, relançant la dimension humanitaire initiale de l’œuvre. Bien que le financement reste non communiqué, le Festival de Lucerne affirme avoir financé principalement par des fonds privés, notamment issus de ses sponsors UBS et Zurich. La structure pourrait revenir au Japon après l’événement, dont l’avenir demeure pour l’instant indéfini.

Une œuvre d’art et d’engagement symbolique

Au-delà de son aspect architectural, Ark Nova incarne une initiative culturelle greffée sur une histoire de solidarité. La salle se visite en journée, accompagnée de guides qui expliquent son origine liée à une catastrophe naturelle, témoignant de l’esprit de reconstruction et de soutien international. Bien que Lucerne ait connu des défis climatiques tels que des inondations ou l’incendie de son célèbre pont, la présence de cette œuvre témoigne plus du rayonnement symbolique de la ville que de risques locaux liés à la catastrophe initiale. Après la clôture du festival, Ark Nova quittera la Suisse pour poursuivre son voyage au Japon, laissant une empreinte forte dans l’histoire de l’art et de la solidarité internationale.