Violences en Serbie : affrontements entre manifestants et partisans du pouvoir à Belgrade et Novi Sad

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Le 14 août 2025, de nouveaux rassemblements en Serbie ont conduit à des heurts entre opposants au gouvernement et soutiens du parti au pouvoir. Ces tensions politiques, qui secouent le pays depuis plusieurs mois, ont atteint un point critique avec des scènes de violence signalées dans plusieurs villes, notamment à Belgrade et Novi Sad.

Escalade des violences lors des manifestations

À Novi Sad, des manifestants se sont d’abord réunis devant le siège de l’agence de renseignement serbe (BIA) avant de se diriger vers les locaux du Parti progressiste serbe (SNS). Selon des images diffusées par la chaîne privée N1, des vitres ont été endommagées et la façade a été recouverte d’œufs et de peinture. La police n’est pas intervenue et aucun membre du SNS n’était présent au moment des dégradations. La plupart des individus impliqués dans les violences étaient encagoulés.

Heurts à Belgrade

Dans la capitale, des manifestants se sont rassemblés devant les sièges du gouvernement et de l’état-major de l’armée. Ils ont ensuite tenté de rejoindre les bâtiments du SNS mais ont été tenus à distance par un important dispositif anti-émeutes. Des engins pyrotechniques ont été lancés en direction de sympathisants du parti présidentiel avant que la police ne repousse les manifestants, selon les retransmissions de la télévision N1.

Bilan et accusations croisées

Mercredi soir, les affrontements avaient déjà provoqué plus de 70 blessés parmi les civils, ainsi que 27 policiers et 7 membres de l’unité militaire d’élite « Kobre », chargée de protéger les hauts dirigeants, d’après le ministre de l’Intérieur Ivica Dacic. Environ 50 personnes ont été interpellées. Les violences de cette soirée se sont concentrées principalement autour du siège du SNS à Novi Sad.

À la suite de ces événements, les opposants et les partisans du pouvoir se sont mutuellement accusés de chercher à provoquer une « guerre civile ». L’avocat belgradois Aleksandar Petrovic, présent dans la manifestation, a estimé devant les caméras de N1 que les autorités « veulent intimider la population et étouffer le mouvement ». De son côté, le président Aleksandar Vucic a assuré dans la nuit avoir « évité un scénario catastrophique » et annoncé des sanctions fermes à l’encontre des responsables des violences.

Origines de la contestation

Depuis novembre 2024, la Serbie connaît une mobilisation régulière. Le mouvement a démarré après l’effondrement d’un auvent en béton à la gare de Novi Sad, une tragédie qui a causé 16 décès. De nombreux citoyens ont alors dénoncé la corruption présumée comme l’une des causes de l’accident. Depuis, les manifestations attirent régulièrement plusieurs centaines de milliers de personnes dans tout le pays.

Les étudiants en première ligne

Les étudiants jouent un rôle central dans ce mouvement de protestation et assurent que les récentes violences ne leur sont pas imputables. Sur leurs canaux de communication, ils ont accusé les forces de l’ordre de protéger les sympathisants du SNS. Ils affirment que ces derniers auraient lancé des pierres et des engins pyrotechniques contre les participants aux manifestations. Mercredi soir, un membre de l’unité « Kobre » a effectué un tir de sommation, ce qui a provoqué un mouvement de panique. L’intéressé a expliqué ensuite avoir estimé que son groupe était encerclé et menacé.

Pressions sur le gouvernement

Les protestations ont déjà entraîné plusieurs changements politiques : un remaniement ministériel, le remplacement du Premier ministre et des arrestations d’anciens responsables. Néanmoins, le président Vucic s’oppose aux appels croissants en faveur d’élections anticipées, avançant l’hypothèse d’une tentative de déstabilisation orchestrée depuis l’étranger.

Appels internationaux

Début août, un groupe d’experts mandaté par le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a exhorté les autorités serbes à mettre fin à ce qu’il qualifie d’« intensification de la répression » visant les militants. Cet appel intervient alors que les mobilisations continuent de s’étendre et que la tension politique demeure particulièrement forte dans le pays.